Voix de femmes

Aider les femmes à mieux faire entendre leur voix est une dimension centrale de l’activité de Voxsing.

Depuis plusieurs années Voxsing accompagne des associations et des réseaux œuvrant pour la promotion de l’égalité et de la mixité entre hommes et femmes dans le milieu professionnel : Énergies de femmes (Électricité de Strasbourg), le réseau LL (Groupe Lagardère), et Justice Administrative Alter-Égale (Tribunaux administratifs et cours administratives d’appel).

« Il y a une voix féminine qui est totalement discriminée, “invisibilisée”. En fait, elle est inaudible. »

Maylis de Kerangal, in La Nouvelle République, 29/09/21, à propos de son livre Canoës

Les croyances limitantes, nées d’un imaginaire collectif très ancré, conduisent nombre de femmes à rendre leur voix responsable du manque d’écoute et d’attention dont elles peuvent souffrir, en particulier dans des univers professionnels très concurrentiels et encore majoritairement dominés par les hommes.

Nous sommes en effet conditionné.e.s et éduqué.e.s à écouter avec certains critères de perception.
Dès l’école, voire avant, les filles sont déjà entrainées à une parole contenue, à davantage respecter les règles, à ne pas trop se faire entendre. Le garçon qui va s’imposer vocalement est vu comme un meneur, un leader, tandis qu’une fille doit avoir une voix douce, une parole plutôt réservée…
Tant d’autres critères culturels, qui s’inscrivent en nous et influencent profondément nos relations et nos modes de communications.
N’entendons-nous pas encore des commentaires émis par quelques députés masculins, qualifiant leurs collègues féminines d’ « hystériques », moquant leur voix « stridente », « geignant et pleurnichant » ?

Mary Beard, dans Les femmes et le pouvoir (Pocket, p.23 et 24) nous explique que ces croyances ont une origine lointaine :
« L’autorité émanant de la voix grave des hommes par opposition à celles des femmes, est à maintes reprises soulignée dans la littérature de l’antiquité. Comme le dit explicitement un traité scientifique de la période, une voix grave signale le courage masculin, une voix aigue la lâcheté féminine… De cette tradition de la parole sexuée, avec la théorisation qui s’y rapporte, nous sommes encore directement, ou le plus souvent indirectement, les héritiers ».

Certaines femmes ont donc adopté une stratégie de transformation vocale, de manière à pouvoir se faire entendre. C’est ce que fit notamment Margaret Thatcher, affirmant son autorité vocale en faisant descendre sa voix dans les graves avec l’aide d’un coach. Outre-Atlantique, des personnalités féminines transforment ainsi leur voix jusqu’à devenir proche du grésillement, de manière à s’approcher le plus possible de la voix masculine (Vocal Fry). En France, de nombreuses professionnelles – journalistes, reporters, avocates, chef d’entreprise…- témoignent de la pression qu’elles ont subies : parole accordée à condition de modifier leur voix vers le registre grave (changement d’identité vocale).

Aline Jalliet, dans son excellent ouvrage Une voix à soi (Guy Trédaniel éditeur) s’interroge : ne faudrait-il pas plutôt travailler à changer nos critères de perception ?

L’accompagnement de Voxsing a pour objectif de permettre à chacune de parler juste, c’est à dire harmoniser votre voix et vos intentions. Il s’agit de ne surtout pas transformer votre voix afin de répondre à des critères soi-disant établis.

De quelle manière ?

  • En développant une perception réelle de votre propre voix ;
  • En déconstruisant vos croyances limitantes ;
  • En vous permettant de prendre en main des outils qui vous aideront à avoir confiance en votre voix propre et d’exprimer des intentions claires sans tricher ni trafiquer votre émission vocale ;
  • En travaillant, avec le groupe (atelier collectif) et à l‘aide d’enregistrements, à faire évoluer nos critères de perception.

Les nombreux témoignages reçus à la suite de séances individuelles et d’atelier collectifs attestent des prises de conscience et des effets significatifs à court et à long terme :

  • le lien retrouvé à la respiration,
  • le plaisir de prendre la parole,
  • le sentiment de susciter l’intérêt de l’auditoire,
  • convaincre sans élever la voix ou a contrario se faire entendre en osant parler plus fort,
  • ne plus craindre de communiquer avec la hiérarchie,
  • etc.

Ces expériences résonnent parfois de façon inattendue dans la vie non-professionnelle :

Ma relation avec ma fille (5 ans) s’est apaisée  depuis que je lui parle posément plutôt que de m’agacer avec une voix énervée.

Louise, séance individuelle de préparation à un entretien professionnel

Non seulement je n’ai plus peur de demander « pardon » afin d’atteindre la porte du métro bondé, mais cela devient un jeu : trouver la bonne intention avec la bonne intonation.

Caroline, participante à un atelier collectif dans un tribunal administratif.

Xavier Margueritat accompagne Justice administrative alter-égale depuis ses tous premiers ateliers en 2022. Plébiscité par les adhérent.e.s de l’association, l’atelier « Maîtriser sa voix pour mieux communiquer » fait le tour de France des tribunaux administratifs, avec un succès jamais démenti. Toutes les personnes qui participent à cet atelier repartent conquises et riches de conseils personnalisés. Grâce à Xavier Margueritat, elles prennent conscience de l’engagement physique, de tout le corps, qu’implique la prise de parole et comprennent l’importance de la posture, de la respiration, de la décontraction et des silences. Elles apprécient aussi beaucoup de découvrir l’étendue de leur champ vocal et de repartir avec des méthodes pour réussir à capter et conserver l’attention d’un auditoire. Après un premier atelier, tout le monde en réclame un second, de sorte que Xavier Margueritat anime aujourd’hui aussi des ateliers d’approfondissement qui permettent d’aller plus loin dans la compréhension des dynamiques d’égalité femme-homme en jeu dans la prise de parole, tout en permettant à chaque participant.e de travailler son aisance et sa confiance face à un auditoire. 

Association Justice administrative Alter-égale